mardi 19 mai 2015

Deuxième couche ...

Vos seigneuries permettront que je poste ici, la missive du camarade Ryko, adressée au camarade Nico (rime riche) en réponse à son billet du 18 mai ...


"Cher Nico
Enfin un petit coup de gueule et un clavier dérouillé ! Cela oxygène les bronchioles et fait tricoter les doigts. Les fragments de plaisirs, d’inventions, de créations et de culture que nous nous sommes façonnés sont depuis longtemps épiés, analysés et échantillonnés dans les éprouvettes du marketing forcené; les créneaux de marché. Une psychologie de gros cons qui s’apprend dans des écoles faites pour ça. C’est grâce à cela qu’on peut porter l'effigie du Ché sur un onéreux t-shirt, vendre aux enchères les anonymes affiches de mai 68, se faire blanchir le fion (anal bleaching), bouffer des yaourts qui font du bien au dedans de toi-même, tarifer ta rebelle-attitude à 14000 zeuros le brélon (sans les franges), mettre en bidon la glaise à dégueulasser les 4x4, vendre en ligne un nain de jardin au prix d’un Praxitèle, lire Chaos et Cyberculture de Timothy Leary sur une tablette ipad, faire mécaniquer ta chiotte au tarif horaire d’un cardiologue ... Je sais que tu n’est pas plus animé que moi par l’effet nostalgia, mais tout de même une petite amertume vient griser le décor. Je peins. Je dessine. Je fais des trucs qui partent du cortex vers la main. Durant plusieurs années je me suis fourni principalement mes supports et outils chez les droguistes (déjà ça promet) qu’on appelait quand j’étais gosse, marchands de couleurs, joli vocable. Le reste, dans ces sanctuaires quelquefois poussiéreux consacrés aux peintres et artistes.

Les supermarchés des «arts graphiques» sont arrivés, conditionnant tous les produits jusqu’à les édulcorer, les emballer sous toutes les formes, supprimant même ceux qu’ils ne jugeaient pas nécessaire à la création, s’appropriant par le fait le monopole du savoir faire et des tarifs. Sympa, non? Une autre façon d’aliéner les francs-tireurs que nous devrions être à l’armée des bons consommateurs. Font chier! Nostalgie? Refus du paradoxe et du sophisme vénal, ouais! En espérant comme toi qu’un jour tout rentre dans le «désordre». Tu sais, celui des anciens garagistes qui te retrouvaient, sous des siècles de strates, un écrou de 7 rien qu’au flair.

Bises."

Ryko



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