lundi 23 décembre 2013

Le Billet de Renaud

 Bon, météo faisant, il y a plus de monde à la buvette que sur les routes, j'entend ceux du fond qui s'énerve autour du baby, approchez camarades, c'est l'heure du billet : 

14- Nostalgia 3: 300 !!

A une époque pas si lointaine la vitesse faisait rêver voir phantasmer quelques motards...
La barre des 300 km/h, pas con comme expérience, non?
eh bien c'est partit, on va y aller ensemble, poser vos verres, ça va secouer!

Début des années 90 en la bonne ville de Metz où le destin m'avait envoyer, je buvais un verre à la terrasse de l'Oscar, petit bistrot dans une ruelle piétonne près de la cathédrale tenu par le frangin de mon pote Mario, beau rital au sourire carnassier, champion de kick boxing et propriétaire de la Kawa 1000 tomcat qui est béquillée devant nous. 

Le soleil de cette fin d'après midi appelant le renouvellement des consos nous devisons sur les possibilités de la kawa en vitesse de pointe, près de 140 bourrins en full et le meilleur CX de la production devaient permettre de taper le 300, sur de sur, problème la bête est en version castra et ne décolle pas du 280!
Une paire de picon bière (Amos bière de Metz!) plus tard et deux coup de tiags dans le phare droit de ma Fiat de service, la kawa est chez le pote Michel, concessionnaire Kawa local pour mise en version libre de la bête et bien lancé, en peinture de guerre type top gun grace au kit déco que Kawa fournissait à tous les concessionnaires ayant un projet de photos pub avec toutes les motos décorées roulant en parallèle d'un mirage à villacoublay (la com était moins tartignole qu'aujourd'hui) façon Maverick et le F 14, le projet ayant avorté, les kits dormaient chez "dans les stocks".

Mon assurance ayant éternué la facture, la kawa sort de chez Jet Moto quelques semaines plus tard lookée méchante et le bouilleur plein de promesses...
Rendez vous pris au troquet par une belle journée d'été, le bon Mario est là avec la titine, elle a de la gueule la gaillarde, mon pote a sortit le bomber kaki et les tigs de fête, l'Arai Mamola réplica brille comme la moto, il est beau le héros! 

C'est le jour du test, une chope rapide pour la soif, mise en route et ze pilot décolle pour le test sur l'autoroute entre Metz et Thionville, sa longue ligne droite et sa largeur étant la seule à pouvoir acceuillir l'expérience.
Tournée générale du frangin en attendant le retour du héros, les pronostics vont bon train, le suspens est total et épais comme du bitume chaud.
Le bruit de la moto résonne entre les murs, il est de retour!
La face de la kawa est repeinte à l'insecte saignant, le casque aussi, quant au pilote, il a l'oeil rouge et mauvais, le bomber déchiré dans le dos atteste de la violence du combat.
Verdict: Zobi la mouche, la belle n'en a pas voulu, l'aiguille s'est approchée du chiffre magique mais n'a pas voulu se poser dessus...

Damned !! ... Debrifing, la taille du pilote (1.90), le bomber en drapeau n'ont pas aidé, sur, Michel insiste, le bouilleur est au top, le chassis réglé nickel, ça doit le faire, les deux lascars me regardent avec leurs yeux de cocker ... Je les vois venir ... ça loupe pas:
"Prends la, tu sors des courbes de La Maxe à bloc , tu soude jusqu'a l'échangeur d'Hagondange et retour"

Michel verifie le niveau de pétrole, les pneus sont encore chaud (tu parles!) les sorties de pots sont gris souris, bien comme il faut, la chaine à bonne mine aussi, le missile est ok, la jolie Peggy du saloon a nettoyé l'écran de l'Arai, tout est paré ...

Vous connaissez maintenant mon bon coeur, je ne me sens pas de laisser mes amis dans l'embarras et la frustration, pas de ça chez nous, aussi c'est en ajustant mon perf (le Schott marron!!) sur mon corp de rêve et c'est en criant haut et fort notre cris de guerre : FAUT QUE LE CON PETE OU QUE LA QUINE CASSE ! que je m'installe sur la moto et lets go to l'autobahn.

La kawa feule comme un tigre dans les vieilles rues qui descendent vers la Moselle, je suis remonté comme le chrono automatique d'un parkinsonien, j'emmanche l'entrée du ruban, mise en vitesse sur l'angle des sévères courbes de La Maxe (les connaisseurs apprécieront) dont je sors à plus de 200 badin ce qui commence à faire (très) sérieux, à cette heure la sortie du boulot est faite et les noctambules ne sont pas dehors, c'est fluide, GAZ!

File de gauche, les 3 voies se déroulent devant moi, parfaite ligne droite, bordée à droite par le gazoduc aérien du kombinat de l'acier chanté par notre Lavillier et qui relie tous les hauts fourneaux de la vallée des anges, ce qui à l'avantage de permettre une "visée longue", je sais que c'est maintenant et sans tarder: A bloc, le casque posé sur le résé, les coudes et les genoux collés idem au résé , je soude, la kawa continue d'accélérer tout ce quelle peut, j'en tord le caoutchouc sur le tube!

Me reviens en tête la remarque d'un pilote à Daytona qui , pour aller chercher les derniers km/h se colle contre le muret du bank, de même, je choisi de me coller contre le rail pour chercher la dépression, bonne pioche, le compte tour bouge et le badin aussi !

Le 280 est emplafonné, ça monte toujours, 290, seuil de compression, la bulle se resserre sur le casque et le carénage sur mes genoux, ça monte toujours, le casque m'écrase le groin et un doigt de géant m'appuie sur la tête, ça monte toujours, le perf me fouette le dos à en hurler, le rail ressemble à un scie à métaux, le bruit est dantesque, je n'ai jamais rien connu de pareil, elle grimpe encore!!! Ah la bonne bête, BANZAI, encore un chouïa, C'EST FAIT: 300 posé au compteur, Trois et deux Zero!!! 
Je relâche doucement pour ne pas foutre un choc thermique aux soupapes, l'échangeur est en vue, la vache, j'ai l'impression de redescendre sur terre, le paysage reprend sa forme normale, tout comme ma vision et mes sens en général avec au passage un mal dans le dos d'un autre monde...

Retour par le même trajet, je refait une tentative, mais bernique, je suis vidé et le dos me fait hurler.
La nuit est pratiquement tombée quand je m'annonce dans la ruelle et je vois dans l'oeil des copains un légère inquiétude, je relève l'écran et à la vue de ma gueule réjouie, c'est le hourra général, Mario me porte jusque dans le bistrot, tournée générale, musique à donf, la fiesta grand style est partie pour la nuit, YALLA!!

Le perf enlevé nous comprenons le soucis: je n'ai plus de peau entre les omoplates mais une jolie plaie un peu saignante doublé d'un hematome du plus bel effet sur les filles de l'assistance, on double les gins tonics et on commande des Pizzas, ça ressemble et ça aide à tenir les cadences des tournées qui s'enchainent à un rythme (très) soutenu  moyenant quoi, rouler à 300 ça donne la gueule de bois!

Alors; c'est pas du mou de veau, hein mes coquets ! Belle époque ou nous n'avions peur que d'une chose: DE RIEN !

vive le sport...




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