On peut revoir des paysages et revivre des instants comme on a pu lire des romans, vivre nos propres aventures et puis avoir tout oublié. Alors on relit, on redécouvre. Puis on se fiche totalement des raisons de l’auteur, de l’intrigue, s’il y en a eu une. C’est le plaisir de lire ou de traverser l’histoire et les chapitres comme autant de haltes volées.
Bien mesurer la différence entre l’itinéraire et l’errance. Relire une nouvelle de Fajardie et rouler sur un vieux vélo. Pisser au coin d’une église et chier dans les maïs. Le peintre ne tisse pas sa toile, le cuistot ne façonne pas la fourchette. J’ai laissé ces certitudes aux habitudes. J’ai tout ce petit bazar en tête, je m'essouffle un peu en évitant les bagnoles qui ne m’évitent pas, le cul collé-riveté à la machine.
Il n’y a jamais rien eu de rebelle à piloter un deux-roues. C’est simplement le fait de s’y sentir un peu plus libre qui marginalise. Et ça, le gros con peut pas piffer. Mais pas du tout. C’est son coté arthropode, telle la blatte, avec pour exosquelette une carrosserie qui l’isole de tout, du vent, des piétons, de la pluie, de toutes les révolutions, même lorsqu’il nique dedans, c’est avec les pieds sales et les chaussettes jacquard qui collent au pare-brise. C’est pour dire... Dans sa petite bulle utérine le con s’en va. Le con est va t’en guerre! Le con muse pas. Le con devient encore plus con. Il te serre au cul, te colle au trottoir, te coupe la route, te fait le doigt parce que c’est son coté mode à lui. Il est tendance, il est beau. Il est parfait avec sa portière que je viens de lui recustomiser parce qu'il m’a roulé sur les pompes (des doc’martens et neuves en plus). Il est généreux avec ses assurances pour son rétro en moins. Il a la fierté du beau mâle qui s’est reproduit. Comment disent les anthropologues? Ah! oui, le mâle «Alpha»... C’est juste avant béta il me semble? C’est donc l'encéphale posé sur le tableau de bord et la bite dans la poche que ce vieux con m’a écrasé les godasses. J’ai pas encore posé mon cerveau sur la crosse d’un Nagant. Moi qui suis ni russe ni belge...
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