jeudi 23 mai 2013

Le Roman Feuilleton

Aventures vénitiennes 

L'Alcyon de Nanard 
Prologue : l'heure du Berger 
Deuxième partie 



Tout en cheminant, Nanard se voyait déjà arrivant à la Fête des Geais de Jabreilles sur son ronronnant bolide, passant et repassant aussi devant chez sa voisine où il n'avait pas manqué de remarquer cette jolie brunette aux yeux bleus venue des Monts de Blond... Qui déplaisait tant à sa mère.
Il irait loin, partirait en camping au bord de la Gironde...
Soudain, face à une usine de porcelaine, alors qu'il était encore bien loin de chez le père Latié, il découvrit un magasin moderne, devant lequel étaient parqués des dizaines de bicyclettes, mais aussi quelques jolis engins à moteur, flambant neufs. La large baie de vitrine était surmontée de lettres lumineuses : Berger cycles.
Manquant de peu se faire écraser par un trolley furtif dont le chauffeur le traita de banturle à travers la vitre ouverte, Nanard traversa.
Tous ces engins avaient l'air neuf. Il en avait vu certains dans les publicités de « Miroir des Sports ». Et si les scooters italiens étaient bien au-delà de ses moyens, il ne manqua pas d'étudier avec une fervente attention chacun des modèles proposés aux amateurs de deux roues motorisés.
Silencieux derrière son comptoir, le père Berger, en blouse grise-béret et cibiche roulée de petit gris plantée sous la maigre moustache, observait avec un sourire à la fois bienveillant et matois ce jeune homme un peu emprunté, et qui avait pourtant tout d'un futur client.
Il lui laissait le temps. Ne pas ferrer trop tôt.



Au bout d'un instant, Nanard la vit. Robuste avec ses protections de tôle bleue clair et crème, exclusive avec sa selle monoplace, pas aussi élégante qu'une Terrot mais visiblement taillée pour dévorer la route, affichant un gaillard 70 en pointe, elle se proposait à un prix tout-à-fait acceptable pour une machine neuve. D'ailleurs, Nanard se pencha suspicieusement au-dessus du phare pour vérifier que le compteur kilométrique n'avait pas encore, ou si peu, été défloré.
C'est ce moment-là que choisit le père Berger pour le harponner : « Ca, mon gars, c'est l'Alcyon 650. Fabrication française, avec les meilleurs matériaux, du solide. Une bécane sérieuse pour des gars qui ne sont pas des rigolos »...
D'abord surpris par cette intervention, Nanard se laissa progressivement subjuguer par ce matois maquignon du deux roues qui lui faisait l'article. Il est vrai qu'il venait de remarquer que la machine était dans ses prix...
Alors bon, ce n'était qu'un 100cm3... Pas bien grave. C'était un moteur deux-temps? Bast... Un variateur comme sur les Mobylette ? Et alors... Pas de kick mais deux pédales ?La belle affaire.
Alcyon tendait les bras à Nanard et Nanard succombait à son charme. Le père Berger causait, causait, tendant l'épuisette pour enfin cueillir sa jeune proie qui ne demandait que ça... C'est le casque qui emporta la décision : si Nanard prenait l'Alcyon, le père Berger lui offrait un superbe bol en cuir grenat... « La sécurité, ça n'a pas de prix »...
Nanard ébrécha le mandat du parrain pour réserver la machine et payer carte grise et immatriculation. La plaque serait peinte par un gars de chez Lavaurs, lui garantit le vendeur.
Ne restait plus qu'à assurer la bête, puis attendre quatre longues journées avant de prendre possession du bolide... 

A SUIVRE ...

© - France – 2013 – Bruno Deléonet pour Scotapowa Rumble – 06 87 16 82 38 – bruno.ledm@gmail.com 

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