mercredi 15 mai 2013

Le Roman Feuilleton


Je caressais l'idée d'un Roman-Feuilleton, en exclusivité pour le Scotapowa,  depuis quelques temps maintenant. Pas simple ... Et puis bingo!! ... Le camarade Bruno Deléonet, bien connu de nos services, accepte de relever le gant . 
Chapeau bas et grand merci camarade !!
Voici donc, pour le Scotapowa, le prologue du premier feuilleton de notre blog .

Aventures vénitiennes 
L'Alcyon de Nanard
Prologue : l'heure du Berger 

Première Partie


L
e trolley Setra gris et blanc s'arrêta silencieusement face à l'Hôtel de Ville. Nombre de passagers arrivant de l'autre rive de la Vienne, ponticauds, panazôs et autres « bicanars » des faubourgs sud, descendirent, en un flot laineux et enchapeauté, malgré les promesses estivales dispensées par le ciel azur de ce début de tour de France.
Nanard, lui, n'était pas frileux : il n'avait pas pris de gilet sous sa veste et gardait la tête nue, pas question de révéler ses origines paysannes ! C'est qu'il avait de la fierté, Nanard... Et il y avait de quoi : il n'avait pas encore 18 ans, et déjà, avant même d'obtenir son deuxième bachot, il intégrait l'école normale, qui ferait de lui un instituteur. Rien de moins !
Alors oui, Nanard se rengorgeait, et regardait l'animation du boulevard Louis-Blanc avec ce sourire empreint de magnanimité propre aux champions, tel Anquetil félicitant son équipier Darrigade à Granville... En ce début d'été, le sésame pour une glorieuse carrière en poche, Nanard marchait donc gaillardement, appréciant les formes généreuses des jeunes femmes en jupe légère... Mais n'y prêtant guère plus attention que cela.
C'est qu'il avait un but, le Nanard. Le résultat avait tellement fait plaisir à son parrain, ancien maçon de la Creuse qui s'enorgueillissait d'avoir bâti les caves des plus grandes maisons de champagne, et à son épouse, la généreuse tata Amélie, qu'ils avaient fait exprès le chemin de la poste de Saint-Sulpice-Laurière pour lui adresser un beau mandat. 

Et aujourd'hui, ce mandat, Nanard se préparait à lui faire honneur. Il n'avait pas eu besoin de réfléchir longtemps. Arrivé place Wilson, il jeta un coup d'oeil gourmand aux tapins qui cherchaient à l'attirer vers les arrière-salles des bars mal famés du pied de la rue Raspail. Il s'intéressa plus, en revanche, de l'autre Côté du boulevard, au moyen quartier du lycée Gay-Lussac, où il venait de passer, en pension, l'essentiel des 7 dernières années de sa courte vie.
Bien sûr, il y avait noué des amitiés, rencontré des profs formidables... Mais il y avait aussi appris à dissimuler ses modestes origines face à des « demi-p » issus des familles notables de la ville...
Gay-Lussac était cependant bien loin de ses pensées lorsqu'il traversa le carrefour Tourny pour s'engager dans l'avenue Garibaldi. Il savait où il allait. Il savait ce qu'il voulait. Plus que tout, il désirait en finir avec le train, avec les trolleys, avec les parcours imposés et les promiscuités navrantes.
Nanard était parti pour s'offrir un morceau de liberté sur deux roues. Il avait passé le permis théorique pour cela. Et maintenant, il pouvait enfin rêver de voyages fous, cheveux aux vents...


Bien évidemment, il avait espéré pouvoir se payer la star du genre, la Terrot 125, avec son monocylindre 4 temps au ronronnement si onctueux que tout semblait y baigner dans l'huile. A la rigueur, une Motoconfort aurait largement fait son bonheur aussi... Mais... Aussi généreux qu'ait été son parrain, Nanard était encore bien loin de la somme requise.
Alors, il s'était rabattu sur l'idée d'une occasion. C'est pour cette raison que, marchant d'un bon pas dans l'avenue Garibaldi, il se rendait du côté du faubourg de Paris pour voir ce que le Louis Latié, un ancien coureur cycliste qui avait en son temps gagné Paris-Tours, pourrait bien lui proposer... 


A SUIVRE ...


© - France – 2013 – Bruno Deléonet pour Scotapowa Rumble – 06 87 16 82 38 – bruno.ledm@gmail.com


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