samedi 10 décembre 2011

Article dans l'édition locale de "L'INFO 87" du 05 décembre 2011

Vintage : scoot toujours !

Qui a dit que rouler en Vespa était démodé ? Des fans de la bécane en tôle ont ressorti leurs deux roues et roulent par tous temps pour musarder ou aller au travail.

Depuis sept ans des copains, fans de vieux scooters, se retrouvent autour d'une même passion pour ces engins qui ont traversé les années sans prendre une ride.
" Nous étions si peu nombreux sur la ville à rouler, piloter, se balader, muser sur de la tôle à deux roues que la reconnaissance fut facile, raconte le président du club Jeff alias Pépé Ventura. Le clin d'œil, le petit signe de la tête, la guêpe qui rôde, l'entrevue sur une bourse de bécanes et le pouêt-pouêt sonore si identifiable firent le reste. Les raisons de chacun, fussent-elles coincées entre le badinage et la nostalgie, la récup'et la mécanique, l'esthétisme et l'avant-garde, le sectarisme et le prosélytisme, l'utilitaire et l'agréable, le m'as-tu-vu et le j'm'enfoutisme, se sont faites la malle au profit d'un plaisir commun, être ensemble… ".

VINTAGE


Vespa, Lambretta et autres scooters vintage sont très tendance. (Photo © DR / Scotapowa)
Si les Vespa et Lambretta sont les plus représentés au club Scotapowa Rumble (www.scotapowa.com), les quarante adhérents et heureux propriétaires de 80 engins acceptent toutes les petites cylindrées à condition que les pilotes soient sympas." La liste n'est pas fermée pour ceux qui veulent la compléter, confirme Pépé et nous comptons prochainement ouvrir une section motos. Notre but est d'abord de s'amuser dans une bonne ambiance. On ne court pas après les cotisations, les nouveaux nous intéressent s'ils partagent notre envie… "
La joyeuse troupe se donne rendez-vous le dimanche dans son QG au bar Picpus et le premier vendredi du mois, Place Marceau, pour une balade improvisée. Le club débute sa saison le 1er mai par une balade pique-nique… à vélo sur les bords de Vienne et ouverte à tous.
Des sorties organisées ponctuent l'année dans un rayon de 100 bornes autour de Limoges car, au-delà, le risque est grand de rester en rade au bord de la route...
" Nos machines sont aujourd'hui plus fiables pour aller un peu plus loin. Avant on tombait en panne tous les dix mètres ! Des adhérents ont fait des efforts pour se mettre à la mécanique. Il faut dire que certains modèles n'avaient pas roulé depuis cinquante ans. L'été prochain on espère aller à la mer… ".


RENOUVEAU

Depuis les années cinquante, le scooter n'a cessé de faire des adeptes, bien que les pétrolettes lui aient fait de l'ombre à certaines époques. L'engin s'est adapté, séduisant de nouvelles générations et les nostalgiques. Sa conception initiale par des industriels italiens de l'aéronautique répondait à un cahier des charges simple : petit prix pour être populaire, facile à conduire et à entretenir, pas salissant pour les filles en jupe et talons.
" Après la seconde
guerre toutes les marques ont sorti leur scooter comme Peugeot ou Motobécane, signale Pépé et on trouve encore beaucoup d'exemplaires bien que les sorties de garage tiennent du miracle ! ".
Ainsi Piaggio a sorti sa Vespa sans interruptions de 1948 à 2007 avec une reprise de la production cette année. Innocenti le talonnait avec sa Lambretta. Ces deux constructeurs se sont partagé la tête des ventes pendant des années. Les modèles les plus recherchés restent les Vespa 180 SS, 160 GS, 90 SS, Rally et Lambretta 175 TV.

INDEMODABLE

Aujourd'hui dénicher un vieil exemplaire à 1500 euros relève de la bonne surprise qu'il ne faut pas laisser filer… même s'il faudra rajouter quelques billets pour le remettre en route. Certaines pièces en résine sont de nouveau fabriquées, avec une qualité souvent douteuse, mais les pièces mécaniques se font rares.
Julien alias Giuseppe Super a rejoint le club dernièrement après avoir succombé aux charmes de la Vespa.
" Ma compagne a participé au concert annuel du club où étaient présentés plusieurs scooters, magnifiés par l'éclairage, j'ai craqué et j'ai embêté Pépé pendant des mois pour en avoir un. Cet engin rétro a un caractère fort que ce soit au niveau moteur et design et un bon capital sympathie. Je n'avais jamais roulé en deux roues avant mes trente ans, j'appréhendais beaucoup. Trois mois après j'ai acheté un Vespa Super 150 de 1966 et deux semaines plus tard un Vespa PX 125 de 2006. On se sent vite grisé avec ses petites roues et son faible débattement. Les premiers modèles freinent mal, le dernier PX est fiable car il est neuf et bourré d'électronique. Je fais 1300 km par an en toutes saisons… ".
Cet engouement pour ces scooters s'expliquerait surtout par la bonne bouille de la bête. Des formes arrondies aguicheuses qui rappellent la beauté de ces blondes platine des sixties sur les calendriers. Selon lui " le mouvement vintage touche l'ensemble de notre société, le design actuel est trop formaté. Les Vespas ont une bouille sympa et différente de ce qu'on voit aujourd'hui. C'est un engin social, idéal pour les contacts même s'il défie la sécurité actuelle… ".

EN TALONS

Depuis deux ans, Nadine se déplace en Vespa Primavéra 125 cm3 de 1972, acheté avant d'adhérer au club.
" Je l'ai trouvé par petite annonce en Bretagne à 1500 €, une bonne affaire, il a le même âge que moi ! J'ai choisi Vespa pour l'esthétique et le côté pratique. Je n'avais jamais piloté un deux roues, j'appréhendais au début et aujourd'hui je roule tous les jours sauf quand il pleut ou il neige. La conduite vient vite, comme pour une voiture. J'ai envie d'en acheter un autre, plus récent, même si je ne veux pas faire une collection. Mon but est de rouler au quotidien. Moi qui suis un peu coquette, je conduis sans problème avec des chaussures à talons... Ce serait impossible sur une moto. On m'avait déconseillé d'acheter une Vespa, on me disait que ce n'était pas stable avec le moteur sur le côté. C'est faux, je ne suis jamais tombée. Par contre il ne faut pas rechercher la vitesse, il monte à 80… ".
Au club elles sont cinq à rouler avec ses messieurs, poignée en coin et cheveux au vent...
Quant à Eric alias Ryko, il avait deux ou trois bécanes qui dormaient dans son garage et en avait assez de rouler dans Limoges en voiture.
" Je cherchais un engin avec une ligne hors du temps et j'ai acheté ce Piaggio PX il y a six ans, le dernier modèle avant l'arrêt de la production en 2007. Je roule tous les jours pour aller voir mes clients. J'aime sa personnalité et ces scooters sont à l'origine des utilitaires pour les livreurs et coursiers. Je fais 6.000 km par an pour le travail et le plaisir… ".
Ryko a succombé de nouveau en achetant un Acma de 1956 révisé qui démarre au quart de tour. Il possède sept scooters dont un Motobécane, un Derny et un Monet-Goyon.

Le début d'une collection qui pourrait faire des petits...

Corinne MÉRIGAUD

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