jeudi 28 mars 2013

L'échovepiste du centre

5- Un rétro sur l’oreiller

Aucun rêve ou tout du moins j’m’en souviens pas. Ce matin il n’était pas utile de faire sonner le réveil. Ce doit être dimanche. C’est dimanche. Les sons de la route nationale d’à coté sont rares et lointains, ceux des piafs plus osés, donc c’est dimanche. J’émerge lentement. J’ouvre pas encore un seul oeil. Je veux garder cette demie conscience d’être à peine éveillé. J’ai les jambes engourdies dans les jambes de ma belette et mon nez dans ses cheveux. L’odeur est douce, on se l’est faite à deux. Dans un creux de couette, je perçois de la main droite un ventre de chat. Ma main fouine dans la fourrure et éveille un ronronnement. Très habile la matouse pour se faufiler dans la chaleur mammifère. J’ose un oeil vu que l’autre est coincé dans l’oreiller. Volets fermés pour gagner un peu de temps sur la nuit. L’aube est grise au travers des rainures, je soupire et la chatte en bannette dans la couette redouble de ronrons. Pas bon pour se lever, ça! Je détresse mes orteils de ceux de ma belette, me décoince l’autre oeil de l’oreiller, puis je m’étire jusqu’à la crampe des mollets. Françou murmure quelque chose de doux auquel je réponds par un ronchonnement assez doux aussi avant de tousser. Le chat baille, moi aussi. Je pense me lever, l’idée précède l’acte mais tout de même faut pas pousser. Je pense me lever et cette idée me poursuit un long moment. Je pense aussi aux nombres de matins où je ne me suis jamais posé cette question. 
Faut pas calculer dans ce cas. Je me dresse illico et je fais ce mouvement latéral que tout gus fait pour s’assoir au bord du lit avant de se prendre la tête entre deux mains, les coudes sur les genoux. Le frottage des yeux suit. Jusqu’aux larmes. Première toilette. 
Sauter dans ses fringues. Faut avoir les bourres au cul pour ça ou pire. Pourtant c’est ce que je fait. Triste habitude. La chatte a pigé. Au sol, le tapis prend ses griffes, les miennes sont rentrées dans mes pompes. Tous les deux nous nous dirigeons vers la cuisine. Elle précède. Françou dors. Trainer les pieds, faire chauffer la bouilloire, allumer la radio, filer à bouffer au chat, prendre la douche et les vitamines du matin. Deuxième toilette. 
Un verre de lait vite envoyé. J’en verse quelques gouttes sur la table de la cuisine pour rafraichir l’haleine du chat. Elle lape sagement en rotant encore sa pâtée. Le perco distille une autre partie de mon réveil tandis que je me roule ma première clope, filtre bien sur. La bouilloire c’est pour le thé de Françou. Je sirote mon café et le stylo en main je griffonne le programme du dimanche; un nuage ou bien un graf qui ressemble à ceux que l’on faisait sur l’annuaire en attendant un correspondant. J’ai pas un bol d’aquarelle au p’tit déj. J ‘allume ma tige, m’empoisonne puis vais me laver les crocs avant de me saper pour de bon. Troisième toilette. 
Dehors. Dehors c’est tout dégueulasse. Il drache. Finement, mais il flotte. C’est ce que je revois en déroulant le
store du salon. C’est gris. Limoges est grise. Sa porcelaine n’en paraitra que plus blanche. C’est un jour à écouter du Anita O’day comme un désuet et imagé rayon de soleil. Je fais un demi-tour, baisse les yeux, rêve d'ailleurs et du lit qui attend, avec Françou qui y est encore. Finalement je sortirai pas un seul scooter pour ce jour. Pas même un coup d’oeil dans le rétroviseur. Faut pas charrier! La pluie n’a rien gâché. Aucun rêve ou tout du moins j’m’en souviens pas!

Le Panthéon Mortis

6- Le Dr Fu Manchu

AuteurArthur Henry Sarsfield Ward aka Sax Rohmer
Naissance: 1913 dans une série de romans
Genre: Aventure 
Raison Sociale: Péril jaune
Déclinaison: BD, Cinéma